C d’une A. Art. 12 : 수능 Suneug et 학원 Hagwon, baccalauréat et boîtes à bac.

Chronique d’une adjoumoni 아주머니 qui apprend plein de choses en regardant des KDrama. Article 12 : ou comment il est extrêmement stressant d’être un élève coréen !

Depuis la maternelle, un élève coréen se prépare à passer le Suneung (son BAC !). C’est donc pendant 12 ans qu’une énorme pression est vécue par lui-même, mais aussi par sa famille, son établissement scolaire et au final par le ULI NALA, la nation toute entière ! Mais pourquoi ?

La scolarité en Corée du Sud

Le système scolaire coréen est semblable à celui du Japon. Il est divisé en 5 niveaux :

  • le jardin d’enfants : (2 à 3 ans) de 3 à 6 ans (privé, payant, souvent anglophone et non obligatoire)
  • l’école primaire : (6 ans) de 6-7 ans à 11-12 ans (à 6 ans c’est la maternelle qui n’est pas obligatoire. L’école débute légalement à 7 ans.) ;
  • le collège : (3 ans) de 12-13 ans à 14-15 ans. Dans la plupart des collèges, les coiffures et les uniformes sont assez strictement encadrés et certains aspects de la vie des étudiants sont très contrôlés. Les collégiens restent dans la même classe et ont des professeurs différents pour chaque matière.
  • le lycée : (3 ans) de 15-16 ans à 17-18 ans. Dès leur arrivée, les lycéens travaillent très dur afin d’obtenir de bonnes notes au Suneung pour pouvoir entrer dans les meilleures universités. Même si le lycée n’est pas obligatoire, 97 % de jeunes coréens y entrent et le reste s’inscrit dans des lycées professionnels.
  • l‘université : sur 4 ans ou plus.

L’année scolaire débute en mars N et s’achève en février de N+1. Il y a les vacances d’été (en juillet et août), les vacances d’hiver (fin décembre jusqu’à début février) et les vacances de printemps (souvent la première semaine de mars) qui précèdent la rentrée. La plupart des écoles publiques sont mixtes. Chaque établissement scolaire a un uniforme qui lui est propre (tenues d’été, d’hiver, de sport, tenues pour filles et pour garçons. Le port de cet uniforme a été instauré lors de l’occupation japonaise. Une polémique existe depuis plusieurs années car certaines jeunes filles portent leurs jupes d’uniforme de plus en plus courtes. Les écoles et collèges n’ont pas de cours le samedi).

Les matières considérées comme les plus importantes sont les mathématiques, les sciences, le coréen, les études sociales et l’anglais.

수능 Suneung : équivalent du baccalauréat

Le Suneung 수능, est une abréviation de 대학수학능력시험College Scholastic Ability Test (CSAT). Le jeudi de la 2ème semaine de novembre de chaque année, c’est un véritable marathon de 8 heures d’examens consécutifs, qui se tient. Ce « baccalauréat local » dicte non seulement si les étudiants iront à l’université, mais affecte leurs perspectives d’emploi, et par la même leurs revenus, leurs relations et vies futures…

En moyenne plus de 600 000 candidats sont évalués dans 5 matières. Les sujets sont distribués sur des pages A3 puis le candidat doit cocher une carte QCM. Aucune rédaction, aucune réflexion personnelle (peut-être en math ?). Juste du gavage de haut niveau à régurgiter !

Un mois après l’examen, l’étudiant connait sa note officielle et compare alors son score total avec le minimum requis pour entrer dans l’université de son choix. Certains candidats le repassent plusieurs années consécutives pour espérer obtenir ce sésame. Ce qui est paradoxale puisqu’ensuite en entretien d’emploi on va leur demander pourquoi ils sont si vieux et probablement les rejeter !

Ainsi, la Corée du Sud a l’une des populations les plus instruites de la planète. Mais un tiers des personnes sans emploi ont un diplôme universitaire. En effet, depuis 10 ans, le taux de chômage chez les jeunes est de plus en plus élevé. Il n’a jamais été aussi difficile d’entrer dans une bonne université. 70 % des lycéens iront à l’université, mais moins de 2 % intégreront une SKY.

Une SKY ? Le 7ème ciel ? Le paradis ? Presque ! Les 3 universités les plus renommées du pays qui se trouvent à Séoul et qui sont nommées SKY pour Seoul University pour Korean University et Yonsei University. Elles sont considérées comme les Harvard, Yale, Oxford et Cambridge, de la Corée du Sud. Tout Coréen pense que pour être reconnu et pour réaliser ses rêves, il est obligatoire d’aller dans une SKY. La filière ou la formation importe peu. Car tout le monde est jugé en fonction de l’endroit où le diplôme a été obtenu. Et toute la vie professionnelle future en dépendra car c’est l’un des seuls moyens d’accéder à un emploi dans l’un des conglomérats familiaux très influents. Or, l’économie du pays est toujours très liée à ces chaebol : Samsung, LG, Hyundai… Chaque année, les journaux nationaux publient combien d’avocats, de juges et de directeurs généraux des grands conglomérats sont diplômés des universités SKY. Ce qui fait croire aux Coréens que si leurs enfants vont à SKY ils pourront obtenir un bon travail. Mais en réalité, le nombre d’emplois et d’opportunités au sein de ces grandes entreprises est très faible et ne dépend pas uniquement de ce critère ! En outre, le niveau de concurrence entre les candidats est vraiment élevé. Mais cette croyance d’un avenir meilleur grâce à un passage dans une école de renom est-elle seulement propre à la Corée ? Certes non !

C’est donc à cause de tous ces enjeux qu’en Corée, c’est depuis la maternelle qu’un élève se prépare d’arrache-pied, pendant 12 ans, pour avoir le meilleur score possible au Suneung, le baccalauréat coréen. Pendant son année de Terminale, il étudiera sans relâche et sans pause. Au lycée de 8 h à 15 h puis dans une Hagwon de 16 à 23 h, puis étude des leçons… En moyenne, il dormira moins de 5 heures par nuit.

Mais comment obtenir ce score idéal ? C’est là que ça se complique et que tout le monde, loin s’en faut, n’est pas logé à la même enseigne !

학원 Hagwons : academy, institutions, boites à bac

Pour afficher les meilleures performances possibles à ce test fatidique qu’est le Suneung, les lycéens suivent le cursus classique obligatoire de 8 h à 15 h, puis assistent à des « prépa » en cours du soir, appelées Hagwons.

Hagwons en langue native, academy, instituts ou boites à bac, rien qu’à Séoul, on en dénombre officiellement 25 000 (6 000 rien qu’à Gangnam gu !). Elles font partie intégrante du quotidien de chaque élève indépendamment de son niveau social. La Corée est le pays dans lequel de ces écoles privées est le plus élevé (48 % pour le niveau lycée contre 10 % aux Etats-Unis ou 21 % en France).

Les Hagwons seraient ancrées dans la société depuis la période Joseon (1392-1910) durant laquelle le gouvernement institue un examen civil qui assure à celui qui le réussit une place élevée dans l’administration. C’est à cette époque que l’éducation prend une place très importante, et que déjà, les familles les plus aisées s’offrent les services de professeurs particuliers de renom.

En 1885, un missionnaire venu des États-Unis s’installe en Corée afin de répandre le christianisme. Il fonde une école pour l’évangélisation, mais rapidement les Coréens affluent pour pouvoir recevoir un enseignement de l’anglais. C’est le début de l’enseignement privé.

Héritage traditionnel, d’un colonisateur américain ou importé pendant l’occupation japonaise, ces Hagwons proposent des cours d’anglais et de mathématiques depuis la maternelle ! Mais c’est principalement pour la préparation forcenée du Suneung qu’elles sont ouvertes entre 16 et 22 h (officiellement).

En 2017, 83 % des écoliers de 5 ans y suivaient déjà des cours, à raison de cinquante minutes quotidiennes, pouvant aller jusqu’à quatre heures.

Cours de soutien ou au contraire approfondissement de certaines matières, comme les mathématiques, les sciences et l’anglais, les instituts se multiplient pour répondre à la demande de plus en plus importante. Cela engendre une compétition non seulement au sein des étudiants, mais aussi entre ces instituts qui proposent des cours jusqu’à très tard en semaine, voire des week-ends entiers et pendant les vacances scolaires.

Dans ces prépas privées, ce sont les parents et l’élève qui choisissent le professeur. Aussi, sa renommée peut faire sa fortune. En fonction des commentaires des mères et des lycéens ainsi que des notes obtenues par les élèves au Suneung une leçon peut coûter jusqu’à 500 euros de l’heure ! En parallèle, de plus en plus, d’Hagwons proposent des cours en ligne.

Des professeurs de math et d’anglais qui deviennent de véritables idols !

Les professeurs de cours en ligne qui sont suivis parfois par 300 000 jeunes sont, pour certains, devenus des superstars coréennes. Avec des tarifs défiant toute concurrence (32 € les 20 h de cours en ligne) et des méthodes qui attirent l’attention de leurs élèves, ils peuvent gagner jusque 7 millions d’euros par an. Ce qui bien sûr créait de l’amertume auprès des professeurs de l’enseignement public qui démarrent leur carrière à environ 25 000 € par an (ce qui est pourtant la moyenne la plus élevée de l’OCDE).

Bien sûr, toute cette manne financière provoque des dérives. Plusieurs Hagwons se seraient procurées des sujets d’examen pour envoyer leurs élèves dans les meilleures universités américaines et par la même, augmenter leur score de réussite et donc leurs inscriptions et donc leurs profits ! Et le gouvernement tente, tant bien que mal, d’endiguer toute cette corruption. Mais voilà ! La pression sociale alimente la machine qui ne cesse de s’emballer malgré le coût exorbitant de ces Hagwons. En moyenne 500 000 wons par enfant et par mois (sans compter les cours à domicile). Ce qui équivaut à la moitié du salaire d’un chauffeur de bus ou un cinquième de celui d’un cadre !

La prolifération des Hagwons renforce donc les inégalités sociales. L’éducation est devenue une industrie où règne la seule loi de l’offre et de la demande. Les parents coréens dépensent des sommes faramineuses pour leur progéniture (17 milliards de dollars en tutorat et prépas privées en 2012) et la charge financière est de plus en plus lourde pour les familles. Mais les dégâts ne se limitent à ses emprunts et dettes qu’elles ne peuvent parfois rembourser. Selon plusieurs études, les enfants coréens sont ceux qui dorment le moins au monde ce qui provoque de fait de lourds problèmes de santé physique, mais aussi psychologique (le taux de suicide est le plus élevé du monde juste avant le Japon).

Du point de vue du ULI NARA le jour J

Du côté occidental, on a souvent entendu parler du Suneung en raison de l’impact culturel immense qu’il représente chaque année en Corée le 2ème jeudi de septembre.

Pour que les quelques 650 000 candidats annuels « qui jouent leur vie » soient le moins impactés, les horaires des bureaux sont décalés, les chantiers mis en pause… La police est mobilisée pour aider les retardataires et, durant l’examen de langues (de 13 h 05 à 13 h 45), pour éviter tout bruit perturbateur, les avions ne décollent et n’atterrissent pas et le trafic automobile est suspendu sur plusieurs axes. Même les surveillants sont sommés de ne pas faire de bruit en marchant ! Le stress est à son comble ! C’est toute la nation, le ULI NARA qui soutient ses candidats en ce jour J.

Suivant le principe coréen de de la notion de groupe et de la priorité aux études, la Corée du Sud a conçu son système d’éducation sur une forme privilégiant les études au détriment de l’élévation de soi. Etre utile à son pays est l’un des buts premiers de chaque coréen.

C’est depuis l’intégration du néoconfucianisme comme idéologie politique, que le pays a fondé ses valeurs et sa culture sur un système qui se veut méritocratique et filial. Filial vis-à-vis de sa famille mais aussi, du groupe, et du pays. C’est l’une des raisons qui peut expliquer pourquoi la Corée demande beaucoup à la jeunesse et à son éducation car elles sont un lien très étroit avec l’économie du pays. Etre un bon étudiant avec de bonnes notes, c’est offrir de meilleures possibilités à son ULI NALA, sa nation coréenne !

Du point de vue des enseignants dans le public et de l’Etat

Face à ce phénomène sociétal, l’école obligatoire traditionnelle (publique ou privée) chancèle. Ces cours du soir sont très chers et permettent une «marchandisation de l’éducation». Par ailleurs, ce système accroît les inégalités entre ceux qui peuvent se payer des tutorats et ceux qui n’en ont pas les moyens.

Les professeurs dans le public relatent que les enfants dorment en cours le matin parce qu’ils ont travaillé très tard la veille, mais aussi parce que de fait, ils ont parfois un, deux, voire trois ans d’avance sur les programmes en raison des cours suivis en Hagwons.

Ce n’est pas moins de 16 réformes que l’Etat a tenté de mettre en place au cours des dernières décennies. En vain ! Dans les années 80, il a interdit les Hagwons. Mais voilà, les parents ont attaqué en justice et ont gagné ! Plus récemment, il a opté pour l’harmonisation des tarifs (vers la baisse) et a imposé la fermeture des hagwons à 22 heures. Mais les cours se donnent en cachette et les demandes de cours à domicile et sur Internet explosent. Une nouvelle loi interdit de s’avancer sur les programmes scolaires des années ultérieures ce qui va provoquer d’énormes changements dans l’Education des jeunes élèves. Les députés veulent progressivement interdire les Hagwons jugés très chers, mais aussi changer les méthodes dans les écoles publiques.

Le sujet reste polémique en Corée, toujours à cause des coûts élevés des cours et un accès limité pour les familles les moins aisées. Pour éviter l’effondrement d’un système éducatif qui montre ses limites, le Gouvernement a décidé d’inciter ses entreprises à engager du personnel peu diplômé. Mais la plupart des grandes entreprises coréennes y sont réticentes et expliquent que cela serait inégalitaire puisque leurs managers appartiennent à la génération pour laquelle « les diplômes font tout ».

Du point de vue des parents ou plutôt, du point de vue des mères des élèves !

En Corée, le score obtenu au Suneung détermine dans quelle université on va pouvoir entrer. Or, c’est cette même université qui déterminera : l’emploi envisageable, la hauteur des revenus, qui à leur tour détermineront la qualité du mariage et donc la qualité de toute la vie future !

La mentalité compétitive est exacerbée dès le plus jeune âge. Un proverbe dit : « Si son voisin achète un bout de terre, le Coréen a mal au ventre ». Si sa voisine met son enfant dans une Hagwon, alors la mère se sent obligée d’y mettre le sien et par la même d’ajouter de la pression à son enfant qui devra alors avoir de meilleurs résultats !

Voilà pourquoi les familles, mais en particulier les mères sont de véritables bourreaux pour leurs enfants. Elles quittent tout pour s’occuper de leur scolarité et leur mettent une pression qui est, je l’avoue, particulièrement difficile à comprendre pour moi qui suis également une mère.

Le discours est simple : «C’est pour ton bien mon enfant que je te mets une telle pression ! Quoi tu es stressé ? Eh bien il le faut ! Tu dois être le meilleur ! Allez ! Va réviser ! Mais non tu n’as pas mal au ventre, mais non tu n’es pas fatigué ! Tu te rends compte de tous les sacrifices que l’on fait pour toi ? Ne nous fais pas honte !».

C’est le schéma de la mère asiatique qui en voulant bien faire, pourrit la vie de sa progéniture. A un tel point que l’enfant peut en devenir, malade (stress, estomac, eczéma…), dépressif au mieux, suicidaire, sociopathe incapable de nouer une quelconque relation tant il a toujours été dans un esprit de compétition depuis son plus jeune âge ! Le message est clair : « Etre gentil et bienveillant ne t’apportera rien mon enfant ! Pour réussir, il faut toujours être le premier en tout ! Ecoutes moi ! Je suis la seule à savoir ce qui est bien pour toi !».

Dans les nombreux KDramas que j’ai regardés, j’ai très rarement vu une mère soutenir son enfant dans son projet d’être dessinateur artistique ! C’est difficile à comprendre pour nous occidentaux. Mais soyons honnêtes et reconnaissons que le même schéma existe en France, oui peut être à un autre niveau ! Quoique !

Du point de vue des enfants !

Certes les jeunes coréens sont parmi les premiers mondiaux en lecture, en math ! Mais à quel prix. Selon de nombreuses enquêtes, la quasi-totalité des élèves est malheureuse à l’école et cela, quels que soient leurs âges ! L’enseignement est un gavage de connaissances régurgitées par des élèves robots à qui on n’a jamais fourni de méthode pour réfléchir, comprendre, créer et apprendre de leurs erreurs.

Après une journée harassante, école « normale » de 8 à 15 h, puis hagwon de 16 à 22 h, certains élèves ont encore des cours particuliers à domicile à 23 h ! C’est le résultat d’une machine infernale qui s’est emballée il y a une quinzaine d’années, et que personne ne sait plus comment arrêter. D’autant moins qu’à l’étranger on applaudit son efficacité : la Corée squatte le peloton asiatique de tête du classement du PISA qui évalue le niveau des élèves du secondaire dans le monde.

Sévices et harcèlements.

Et comme si ça ne suffisait pas, les élèves subissent moqueries, railleries voire harcèlements verbaux et physiques de la part de leurs congénères. Tout est prétexte à ce que le riche, le fort, le calé en math… puisse défouler sa frustration et son stress sur le pauvre, le faible, le calé en dessin… Quand ce n’est pas de la part de leurs professeurs bien que la loi ait interdit les punitions corporelles dans les écoles. (Vous vous rappelez dans les anciens KD quand l’élève devait subir les coups de canne sur les mollets, devait se mettre à genou des heures en levant les bras… ?).

La compétition, bien que moteur de la société, devient un problème à part entière. De plus en plus de jeunes collégiens et lycéens, qui ont grandi sous cette pression constante, finissent par craquer. Le taux de suicide chez les étudiants entre 15 et 20 ans est en constante augmentation. Et ce d’autant plus que chaque école par laquelle l’élève va passer va devenir un « clan » pour lesquels il faudra participer aux soirées futures alors même qu’aucune bienveillance n’est de mise entre élèves puisque l’esprit de compétition domine toujours.

C’est pourquoi tous ces KDramas qui relatent des amourettes qui se déroulent en Terminale (il faut bien qu’ils soient majeurs !) me laissent toujours septique ! Quand et comment les lycéens pourraient-ils bien trouver un tant soit peu le temps de se compter fleurette avec leurs emplois du temps surchargés ? Je le case où le DATE alors que je me lèvre à 5 h et me couche à minuit et que je n’ai pas une minute de solitude ou de répit dans la journée ? Bon, c’est sûr ! Il y en a qui trouve ! Et heureusement d’ailleurs ! Et vivent les KDramas qui nous sortent de notre réalité !

Cet article m’a amené à réfléchir à toute cette « folie nationale » mais aussi asiatique, autour du PISA, du Suneung, des Hagwons et des SKY. Parce qu’enfin, les Coréens savent pertinemment qu’il n’y aura pas d’emplois pour tout le monde, score parfait au Suneung, entrée en SKY ou non !

Par ailleurs, qu’en est-il des emplois manuels ? Maçons, plombiers, bouchers ? (Tiens au fait, il semblerait qu’il y ait encore un genre de « castes » concernant les emplois en Corée. Si, si !). Puisque de toute façon, ils ne veulent pas entendre parler d’immigration alors même que leur population ne cesse de vieillir et de diminuer !

Et surtout, qu’en est-il de l’appétence pour les savoirs de chacun de ces écoliers ? A quoi ça sert en Première et Terminale de leur faire remplir une fiche de souhaits de métiers si c’est pour les dénigrer systématiquement ? Il ne doit pas être facile de vouloir être artiste dans ce pays !

Cela dit, le slogan : « Tout le monde doit avoir le bac ! Si on ne sort pas d’une grande école ou si on a un Bac Pro on n’est un gros nul ! » ça me semble aussi bien de chez nous ! Non ?

Mais il ne faut pas oublier que c’est depuis l’âge de 6 ans, que tout autour de lui, l’élève est conditionné pour sa réussite au Suneung et donc son intégration dans une SKY. On lui a tellement rabâché cela depuis sa prime enfance que de ne pas y parvenir est une honte. Or, perdre la face en Corée, c’est pire que tout. Voilà aussi pourquoi le taux de suicide est si élevé chez les jeunes !

Mais comme toujours, le véritable changement ne pourra venir que de la jeunesse coréenne elle-même. On peut déjà observer les prémices d’une contestation puisque de plus en plus d’étudiants remettent en question les pratiques éducatives mises en place. Mais sortir du système et de ses pratiques en vigueur reste quasi mission impossible.

Or qu’est ce qui attend ces jeunes en emploi ? Non en Corée non plus, la sécurité de l’emploi, ça n’existe plus !

MARS 2022 un nouveau président est élu. Il ne veut pas vivre à la MAISON BLEUE, mais veut (ré)instaurer une semaine de 120 h (7 x 24 = 168 h – 7 h de sommeil = 120 h).

Alors même que les jeunes se battent pour avoir une semaine de 50 h : 8 * 7 j (du lundi au samedi) et le dimanche repos.

Car la vie professionnelle en Corée c’est : devoir attendre que le N+1parte le soir pour pouvoir partir soi même. Et ce, même si on ne fait rien, même si ça n’est pas productif, voire contre-productif ! Il n’est pas rare de voir des stagiaires ou des employés qui dorment sur place faute d’avoir le temps de rentrer chez eux (souvent très loin en raison des coûts des logements).

On parle des soirées hoesik (repas très arrosé d’entreprise. Il est très mal vu de ne pas boire un shot proposé par un ainé. Et 1 appelle forcément 2, 3… Tous les bars servent à manger. Il est impensable de boire sans manger en Corée !) mais on n’oublie de signaler également les sorties dominicales obligatoires : golf, rando ou journée à l’orphelinat avec les collègues et les N+1, voire certains clients.

Pour faire changer les choses, le gouvernement a mis en place des lois, par exemple contre le harcèlement au travail. Des entreprises ont aussi agi : Samsung a été l’une des premières à instaurer des règles, comme celle dite du “1-1-9” : un seul alcool, un seul bar et retour à la maison à neuf heures.

Et surtout, les mentalités changent. La raison majeure est le changement de génération. Les jeunes employés veulent un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle.

Cependant, dans certains secteurs, comme celui de la vente, la culture de la boisson reste encore très forte : c’est encore souvent autour de nombreuses bouteilles de soju, l’alcool traditionnel coréen, que les contrats sont signés.

La loi Kim Young-ran coréen: 김영란법 ), également connu sous le nom de loi anti-corruption, fait référence à la loi sur la sollicitation abusive et la corruption. Après la promulgation de cette loi, diverses pratiques Hoesik et la culture de divertissement après le travail ont diminué, tandis que le pourcentage d’activités de loisirs individuels a augmenté. Les choses changent aussi beaucoup depuis 2017 avec Me Too. Certaines entreprises et organisations publiques tentent de réduire ou d’éliminer les événements avec lesquels leurs subordonnés sont mal à l’aise en raison de ce mouvement Me Too.

Malheureusement, la Corée compte de trop nombreux cas de cancers du foie, de l’estomac et des maladies du cerveau liées à cette consommation excessive de boissons alcoolisées. Et ce, même si elle n’est pas le pays où l’on boit le plus d’alcool par personne. Pour info, en 2016, en moyenne mondiale, un individu de plus de 15 ans consomme plus de 6 litres d’alcool pur par an (soit 20 bouteilles de vodka). C’est le Moldavien qui consomme le plus avec 15.2 litres d’alcool pur par habitant et par an (soit près d’une bouteille de vodka par semaine). Le Coréen est au 15ème rang mondial avec 10.2 l et sa consommation ne cesse de diminuer (Le Français en consommait 12.6 l).

 

J’ai récemment lu un article dans lequel un professeur français d’université disait qu’il était outré de l’effet de mode Hallyu pour apprendre le Hangeul et qu’il ne s’agissait, je cite : « que d’une lubie de quelques donzelles qui aimaient trop regarder des séries à l’eau de rose et des jeunes hommes efféminés de KPop ! Ca n’a absolument rien à voir avec un réel intérêt pour la véritable culture de la Corée du Sud !». En tout cas, pour ma part, vieille donzelle que je suis, c’est grâce au KDrama que je suis en train de regarder, que j’ai été amenée à m’intéresser aux sujet de cet article. Alors Môsieur l’Universitaire ? Toujours certain que l’on n’apprend rien sur la culture sud-coréenne en regardant ces mièvres séries ? Touchez pas à mes KDramas !

Mad in Palou P IV / 2023

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Toutes ou presque, mes sources sont citées dans la chronique « SACERDOCE ».

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