C d’une A. Art. 10 : 서울 (So oul) Séoul capitale de la République de Corée du Sud.

Chronique d’une adjoumoni 아주머니 qui apprend plein de choses en regardant des KDrama. Article 10 서울 Séoul la capitale où tout va 빨리 빨리 (palli palli) vite, vite !

Lorsqu’on arrive depuis l’international en Corée, c’est forcément par Séoul. Enfin, pas tout à fait, puisque forcément, comme dans toute grande mégapole, on arrive en fait à l’aéroport de la villed’Incheon. Ville portuaire située à 50 km de Séoul et 3ème ville la plus peuplée de Corée.

En tout premier lieu il faut savoir qu’en coréen, son nom se prononce 서울 So oul et ce qui signifie littéralement en coréen ancien : capitale d’un pays. (Tout comme Paris est la « so oul » de la France).

Et c’est bien elle, que l’on voit à travers la majorité des images des Kdramas. C’est donc cette capitale que l’on visite et c’est avant tout le mode de vie des Séouliens (ou Séoulites, car oui, on peut utiliser ces deux gentilés !) que l’on découvre. Mais… Tout comme Paris ne peut pas représenter à elle seule tous les Français et toute la France, ce que l’on veut bien nous montrer de Séoul, n’est pas le reflet de toute la Corée ni de tous les Coréens !

Or il semble évident que pour la bonne image de la Corée et de Séoul, les réalisateurs et chaînes de télévision nationales mettent en avant des points positifs de leur capitale ! Mais là encore, ce qu’on nous montre passe au travers de l’angle édulcoré et surtout cadré de la caméra et de la volonté du réalisateur, du producteur et du diffuseur !

A présent, découvrons pourquoi une péninsule a finalement choisi une capitale en pleine montagnes et si proche de la Corée du Nord.

L’histoire de 서울 Séoul : capitale historique, mais capitale administrative de facto depuis 2013

 

Alors que la Corée est une péninsule, depuis 1394 서울 Séoul, en pleines montagnes et très au Nord s’est positionnée comme capitale. Et ce principalement, pour se protéger plus efficacement des nombreux envahisseurs et parce que c’était là le terrain idéal selon les normes du Feng shui de l’époque.

Ce n’est qu’en 1945 qu’elle a pris ce nom, puisque pendant presque 500 ans, elle s’est nommée 한양 Hanyang (Yang signifie « clair, radieux » comme dans la philosophie Yin et Yang). Hanyang était donc le séoul de Joseon).

A la fin du royaume Goryeo (고려, de 918 à 1392), YI Sung-gye (이성계) a fondé Joseon et a donc eu besoin d’une nouvelle ville comme capitale pour la nouvelle dynastie. Il a muri une réflexion basée sur le 풍수 Fengshi, cet art asiatique qui permet de choisir un bon terrain pour construire une maison pour les vivants ou pour enterrer les morts. Selon cette technique, le terrain de la capitale devait être un grand espace plat, ensoleillé et être entouré par quatre montagnes. Il devaiit avoir une rivière au sud. Or, à Hanyang il y a Bugaksan au nord, Namsan (남산) au sud, Naksan (낙산) à l’est et Inwang-san (인왕산) à l’ouest. Enfin, un grand cours d’eau passe devant le côté sud : le fleuve Han. Tout est réuni ! C’est ainsi que Hanyang deviendra peu à peu Séoul.

Séoul et ses deux visages : ancien et ultra moderne.

Jadis Hanyang n’occupait que la partie nord de Séoul. C’est pourquoi on y trouve ces portes : Namdaemun (남대문) (Nam signifie Sud, Dae veut dire grand et Mun, porte) ; Dongdaemun (동대문), (Dong pour Est).

C’est aussi pourquoi, on y trouve les palais de Hanyang . Gyeongbokgung est le palais royal principal parmi les cinq palais royaux (Gung signifie palais royal). C’était là que le roi travaillait et accueillait les VIP étrangers. Ainsi, tous les bâtiments administratifs ont été construits sur cet axe. La Maison Bleue et l’Hôtel de Ville de Séoul y sont également situés.

La largeur du boulevard en face de la porte Gwanghwamun est remarquable et n’a pas changé depuis Hanyang : 100 mètres de large (plus large que l’avenue des Champs Elysées à Paris – 70m).

La place de Gwanghwamun (광화문 광장) est le cœur de Séoul et c’est un lieu important pour chaque citoyen coréen. En effet, c’est là que les Séouliens partagent ensemble leur joie ou leur colère (victoire pour la coupe du Monde de football de 2002, veillées à la bougie, manifestations…).

Mais tous ces « monuments » ne sont qu’une toute, toute petite partie de Séoul. La réalité du quotidien c’est que Séoul est une immense ville ultra moderne, où tout va palli palli.

D’une superficie de 605 km², Séoul est 5 fois plus grande que Paris.

Pratiquement un coréen sur 2 vit dans la zone urbaine de la ville province, puisque Séoul compte 11 millions d’habitants intra-muros et plus de 25 millions pour l’aire urbaine. En comparaison, il y a 10 millions d’habitants de plus et sur une surface 4 fois plus petite que toute La Réunion.

Les 44산 san (montagnes) de Séoul

Il y a 44 산 san (montagnes) dans ou autour de Séoul. Bukan san est la plus haute montagne (836 m). Ainsi, les Séoulites peuvent se ressourcer et se couper de la vie trépidante et sans cesse en mouvement.

한강 le Hangang  ou le fleuve Han

Long de 514 km, le한강 Hangang, long de 514 km, traverse Séoul où il atteint une largeur de plus de 1 km (Moins long que la Seine qui fait 777 km, le Han est 5 fois plus large). Ce n’est pas moins de 27 ponts qui l’enjambent ! Lors de la mousson, il peut se remplir très vite et provoquer des inondations très dangereuses. C’est pourquoi il existe des barrages pour le réguler. Les Séoulites ont un rapport très particulier avec ce fleuve et aiment se promener le long de ses berges. D’ailleurs, les appartements qui ont vue sur le Han ont des prix faramineux ! Comme son estuaire marque la frontière entre les deux Corées et qu’il se trouve au cœur de la DMZ, peu de navires y circulent.

Séoul est une mégalopole immense et surpeuplée.

Elle est divisée en 25 arrondissements (appelés 구 gou : Gangnamgou, Jeung gou…), qui sont eux-mêmes composés de quartiers (appelés dong 동 : Myeongdong, Bukchon, Itaewon… ), chacun comparable à une petite ville.

On l’a vu précédemment, la superficie de Séoul est très étendue et les trajets sont souvent longs et pas toujours à cause des distances, mais plutôt de l’extrême circulation ! Par exemple en métro : il faut compter en moyenne 1 h, entre le terminal 1 de l’aéroport international d’Incheon et la station Seoul Station et pour traverser Séoul d’Ouest en Est environ 3 h 30 !!!

Se déplacer à Séoul

지하철 Le métro

Avec ses 280 km de long répartis sur 9 lignes, il transporte plus de 10 millions de passagers par jour.

Le réseau métropolitain de Séoul regroupe le métro de Séoul, le métro d’Incheon et un ensemble d’autres lignes complémentaires desservant la région métropolitaine de Séoul. Il s’agit donc d’un réseau régional comparable à celui d’autres grandes métropoles telles que Tokyo ou Paris.

Le métro qui fonctionne de 5 h à minuit chaque jour, est le moyen de transport le plus rapide dans la capitale. Ce qui en fait l’un des métros les plus fréquentés dans le monde et les heures de pointe ont une amplitude très large (de 5 h à 10 h environ et de 17 à minuit !).

On pénètre dans le métro, en général par un escalier couvert et l’on peut alors emprunter une de ses rames propres et sécurisées qui vous déposera dans une des 300 stations de la ville, en ayant au préalable, repéré la sortie nécessaire, car elles sont toujours très nombreuses. Un conseil précieux : Si vous êtes dans une rame bondée et que vous voyez que les Séouliens ne s’assoient pas sur ces sièges aux extrémités de la rame, dites-vous bien que ça doit être pour une bonne raison !!! Gare aux remarques des ajummas et ajeossis, car ces places sont réservées aux personnes « vulnérables » (séniors, handicapées, femmes enceintes).

버스 Les bus et leurs couleurs par destination

Le bus est pratique pour se déplacer sur de courts trajets. En revanche, il est soumis à la circulation et bien que certains bus soient équipés d’annonces en anglais, tout y est dit et écrit en hangeul ! Les bus sont nombreux et ont des rotations bien distinctes.

Bus bleu : suit toutes les lignes principales de la capitale.

Bus vert : dessert les lignes secondaires et les stations de métro principales.

Bus jaune : se retrouve dans les principaux quartiers de Séoul de manière circulaire.

Bus rouge : dessert les banlieues limitrophes de Séoul.

Bus de nuit : ce sont des lignes fixes spécialement nocturnes.

택시 Le taxi

Les Taxis sont nombreux dans les quartiers animés et peu onéreux (en comparaison des taxis Parisiens !) mais ils sont bien sûr tributaires des conditions de trafic ! Pour réserver un taxi à coup sûr, il suffit de télécharger l’application KakaoTaxi, liée au compte KakaoTalk (une application incontournable quand on va en Corée !).

Il existe 4 types de taxis en Corée, et plus particulièrement à Séoul :

Le taxi régulier Ilban (일반 택시) : un taxi normal qui peuvent être orange, blanc ou parfois gris

Le Deluxe taxi Mobeom (모범택시) : les taxis noirs avec des rayures jaunes. Comme son nom l’indique, ils sont d’un standing plus élevé

Le Jumbo taxi : généralement de couleur noire, ces taxis se distinguent par leur capacité à transporter beaucoup de passagers et sont donc idéaux si vous voyagez en groupe.

Le taxi international : les chauffeurs parlent anglais (ces taxis sont plus chers que les autres) de couleur noire avec bande orange.

자동차 La voiture

Séoul est traversé par 6 autoroutes majeures (qui peuvent compter jusque 5 voies) qui lient les arrondissements de la ville entre eux et avec les régions environnantes.

Comme dans pratiquement toutes les grandes villes du monde, avoir une voiture à Séoul coûte les yeux de la tête et il faut être riche ET patient pour en posséder une. Les routes sont saturées de jour comme de nuit et il est très difficile de prévoir un trajet en temps avec exactitude !

Une voiture ne coûte pas forcément plus cher qu’en France, d’autant qu’il existe des marques nationales (à tous les prix : KIA, HYUNDAI, SSANGYONG) mais les frais sont nombreux. Obligation de ne rouler que tel jour et pas tel autre (en raison de la pollution), taxe pour pouvoir rouler, coût du carburant, difficulté pour se garer et coût très élevé des frais de parking…

Les stations sont en libre-service ou avec un pompiste (parfois le pistolet de la pompe est en l’air !). Quant aux places de parking… C’est la croix et la bannière pour en trouver une et elles sont donc très chères. Parfois en mode vertical assez surprenant !

A savoir : le covoiturage organisé en société est interdit en Corée du Sud. Les UBER et autre KAKAO TAXI se rapprochant trop du covoiturage n’ont pas trouvé grâce aux yeux du gouvernement.

Séoul : axe principal des transports pour aller partout en Corée

고속버스 Le car

Nommé “bus Express” 고속버스 , le car coréen est un moyen de transport idéal pour visiter la Corée de l’intérieur. Et ce d’autant plus que depuis les 5 gares routières de Séoul on peut aller partout !

기차 Le train

A partir des 4 gares principales, il existe trois types de trains qui chacune offre un niveau de confort différent :

Le KTX pour Korea Train Express (équivalent du TGV).

Le Saemaeul (새마을) ou ITX

Le Mugunghwa (무궁화) : très lent !

De manière générale, les trains sont ponctuels, plus au moins confortables, modernes et rapides.

On peut aussi utiliser, 비행기 l’avion pour certaines lignes intérieures. Entre autre, pour aller sur l’île de JEJUDO, le 배, le bateau, le ferry…

A savoir : quand il est midi à Paris (14 ou 15 h à Saint-Denis), il est 20 h à Séoul. Donc + 8 heures. Aussi quand vous partez de Paris le Lundi, vous arrivez toujours à Séoul le mardi !

 

La vie à Séoul est effrénée et presque sans pause. Comme dans toutes les mégapoles, c’est le temps et l’envie qui manquent ! Après une longue, très longue semaine de travail (en moyenne 52 h hebdomadaires sans les heures sup et les repas d’entreprise. Du Lundi au Samedi de parfois 5 h pour faire les 3 heures de transport pour se rendre à son travail, jusque 22 / 23 h pour rentrer dans son logis), s’il leur reste un peu d’énergie, certes il est possible pour chaque Séoulite et pour une modeste somme, en 20 stations de métro et environ une heure de se retrouver en bord de mer sur l’île de WOLMIDO et de passer un bon moment dans son parc d’attractions. Ou encore, de faire une randonnée sur le mont Bukhansan. Mais !

 A Séoul, comme dans bon nombre de capitales asiatiques, on détruit à tour de bras les vieilles maisons et les vieux quartiers pour y construire des immenses complexes de buildings de résidences modernes. On se demande encore comment ses palais ont été épargnés ! D’ailleurs, pour beaucoup, il s’agit ni plus, ni plus moins de reconstructions (et ce d’autant plus que sous l’occupation les Japonais ont pratiquement tout rasé !).

En réalité, Séoul est « divisée » en deux : Gangnam  (le sud de la rivière Han), et Gangbuk (nord de la rivière Han).

Le premier est reconnu comme le quartier des classes moyennes et classes supérieures ; le second, comme celui des classes populaires. Ces « deux Séoul » s’opposent par leur niveau de vie, leurs caractéristiques culturelles et même leurs tendances politiques.

Métropole inégalitaire, sous son masque touristique, Séoul abrite encore plusieurs bidonvilles. Les habitants du district de Chok Pang vivent dans des chambres de 5 m² de moyenne. De nombreux appartements n’ont en guise de toit que de simples couvertures et ne comportent pas de sanitaire, obligeant leur occupant à aller aux toilettes publiques. Ces conditions de logement, conjugué à un système de santé peu accessible aux plus pauvres, ont de lourdes conséquences sur l’état de santé des occupants et ce, d’autant qu’il s’agit souvent de personnes âgées qui ne reçoivent pas ou prou de retraite et que personne n’a envie de « voir » !

Vivre à Séoul n’est pas une sinécure. C’est très souvent une obligation pour avoir un emploi et l’extrême solitude y est légion.

J’ai lu récemment dans un article que l’AA, l’Ice Américano était en passe de devenir la boisson nationale. Ce qui veut donc dire, qu’en Corée comme souvent ailleurs, c’est ce qui se passe dans la capitale qui devient de fait la ligne directrice d’une nation ? Loin s’en faut ! Et l’AA est certainement bien loin de détrôner le soju, voire la bière au fin fonds d’une petite ville de Province coréenne ! Séoul n’est pas toute la Corée !

Donc je vous laisse juge. Est-ce la vérité quand on voit dans les KDrama :

_ que tous les hommes à Séoul sont beaux et prêt à défiler ou à jouer une scène,

_ que Séoul n’est pas si grande puisque les protagonistes amoureux ne cessent de se croiser « par hasard »,

_ qu’on peut faire en voiture des demi-tours n’importe où puisqu’il n’y a personne sur les routes,

_ que le matin on peut partir tranquille 30 min avant d’entrer au bureau,

_ qu’on peut faire en ferry et voiture JEJU / SEOUL en 3 h,

_ qu’il n’y a pas pratiquement tout le temps des particules fines,

_ que le ciel est parfois bleu,

_ qu’il n’y a pas de bruit de voitures, ni de trains mais seulement celui des grillons,

_ qu’il y a pléthore de petites maisons pas chères, avec des toits terrasses et des vues à couper le souffle sur la capitale que tout le monde s’arrache !

C’est archi-faux, vous l’aurez compris ! Non, le Séoulien lambda n’est pas une gravure de mode. C’est juste un « salam » comme vous et moi. Il passe parfois sa vie, dans un monde de compétition sans pitié, à trimer pour essayer de pouvoir s’acheter un appartement dans un building moderne, et ce, juste pour vivre décemment ! Mais les prix de l’immobilier ne cessent de flamber et les inégalités sociales sont de plus en plus criantes. Non « Squid game» et « Parasite » ne sont pas que fictions ! Un récent rapport de la Banque asiatique de développement souligne que la rapidité de la détérioration des inégalités de revenu en Corée du Sud au cours des 20 dernières années est la 5ème plus importante sur 28 pays asiatiques. Le taux de pauvreté s’établit à 17 % et grimpe à 43 % pour les personnes âgées de plus de 65 ans.

Donc, tout ce qu’on voit sur Séoul dans les Kdramas est faux ? Bien sûr que non ! Les grillons tonitruants, ça c’est vrai !

Mad in Palou P II / 2023

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est PALOU_SIGNATURE_2CM.png.

Toutes ou presque, mes sources sont citées dans la chronique « SACERDOCE ».

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