C d’une A. Art. 3.1 : Comprendre les noms coréens : le bongwan.

Chronique d’une adjoumoni 아주머니 qui apprend plein de choses en regardant des KDrama. Article 3.1.

Pourquoi les coréens semblent tous porter le même nom de famille ? Ou comment comprendre le 본관 (bongwan) et le post-nom.

L’une des premières choses que j’ai cherché à comprendre, lorsque j’ai commencé à regarder des KDrama, ce sont les noms des personnages.

Pourquoi donc, à premières oreille et vue, ils portent tous le même nom de famille ? Pourquoi le nom de famille se dit en premier ? Pourquoi c’est en 3 syllabes ? Pourquoi on n’entend pas la même chose que ce qu’on peut lire dans les sous-titre ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?

Trouver les « parce que » a été pour moi une vraie immersion dans la culture coréenne.

Avant toute chose, il faut comprendre la composition d’un NOM personnel.

En général, un nom est constitué de 3 syllabes (n’oublions pas que le Hangeul est une langue syllabique).

La première syllabe est le nom de famille.

La deuxième syllabe est, très souvent, la syllabe choisie pour la place de l’individu au sein de la génération dans le clan.

Et enfin, la troisième syllabe est le nom personnel donné à l’enfant, donc à l’individu.

On peut donc avoir, par exemple :

KIM SO INE pour le fils ainé, KIM SO YONG pour sa sœur et KIM SO RA pour sa cousine paternelle.

Mais voyons tout ceci plus en détails.

Le nom est donc en fait l’union du nom de famille et du post-nom (rang dans le clan + nom personnel).

La première syllabe est un équivalent de notre nom de famille mais c’est en fait, plus que cela. Car c’est aussi le nom du clan. C’est à dire le본관bongwan.

Comme vous l’avez sans doute remarqué, un grand nombre de coréens partage le même nom de famille. En 2015, presqu’1 coréen sur 5 se nomme KIM (soit environ 11 millions de personnes sur 50 millions. Pour comparaison, en France, MARTIN est le nom de famille le plus porté par environ 300 000 personnes sur 67 millions, donc 0,004 %).

Quels sont ces noms coréens les plus fréquents ?

Assurément : KIM (김) à 22 %. Puis LEE (이) pour 15 %. PARK (박) à 8 %, CHOI (죄) à 5 %, CHONG (성) à 4 % et enfin, pour 46 %, moins de 250 autres noms (plus de 350 000 en France, plus de 1 000 à la Réunion).

Un dicton coréen dirait même : « si on lance une pierre depuis une montagne, elle tombera sur la tête de KIM, de LEE ou de PARK !».

Le clan ou Bongwan본관

En 2000, le gouvernement a recensé un total de 286 noms de famille et de 4 179 clans. Pour distinguer les branches d’un même nom de famille, les coréens demandent donc : «Quel est ton bongwan ? ».

Le bongwan est le concept qui est utilisé pour distinguer les clans qui partagent le même nom de famille et qui identifie les groupes de descendance par ancêtre commun et par lieu géographique d’origine. Le bongwan et le nom de famille sont transmis d’un père à ses enfants et ne change pas par mariage ou adoption.

Par exemple, le nom LEE est divisé en 160 bongwan et le nom PARK en 22. Autre exemple : les KIM GYONGJU et les KIM GIMHAE sont considérés comme des clans différents, même s’ils partagent le même nom de famille.

Ce qui fait que, si les membres d’un couple portent le même nom de famille mais que leurs bongwan sont différents, ils peuvent se marier. De nos jours, pour éviter les problèmes de consanguinité les tests ADN, obligatoires avant un mariage, ont remplacé le bongwan comme indication de la lignée.

Mais se présenter vraiment correctement peut exiger de le connaître. La personne pourra alors dire :

Je suis YEONG YU MI. Mon bongwan est YEON IL. Je suis la 19descendante de YEONG MONG JU, dernier Premier ministre de la dynastie Goryeo en 1392.

Le choix du post-nom (ou en quelque sorte, l’équivalent de notre prénom)

Avec les deux syllabes du post-nom (rang dans le clan + nom personnel ou nom personnel), on peut donner un caractère unique au NOM. Ce qui veut donc bien dire que même si plus de 11 millions de personnes se nomme KIM, personne ne porte exactement le même nom.

Pour donner ce sens unique, on a recours aux Hanja (caractères chinois utilisés avant le hangeul et conservés depuis pour certains cas : comme les noms propres pour les personnes, pour les lieux…).

Les Hanja sont en fait des idéogrammes et il en existe environ 50 000. Il devient donc beaucoup plus facile d’inventer des milliards de prénoms qui ont tous une signification différente. Car, en effet, un post-nom a une signification !

Ainsi, même si deux personnes portent un prénom ayant la même sonorité en Hangeul, leur sens est différent car ils n’utilisent pas les mêmes Hanja. Chaque coréen porte donc bien un nom qui a une signification unique.

Pour créer un post-nom, on fait donc appel à des « experts » : les 작명인JANG MYONG IN. Ce sont en fait des moines dont le métier est de créer des post-nom. Ils ont une grande connaissance des Hanja et savent les assembler pour répondre au souhait des parents. Mais ils y mêlent également le 사주sajou (les 4 piliers fondamentaux de la vie). En gros et pour comprendre, un prénom doit respecter l’année, le mois, la date, l’heure de naissance et les cinq éléments philosophiques qui sont indispensables pour construire un avenir. C’est pourquoi les parents coréens attendent la naissance du bébé avant de lui donner un post-nom qui ait un sens et qui soit unique, car il représente leur vœu et accompagnera cette personne tout au long de sa vie.

Enfin, sachez qu’en regardant un post-nom, il est très difficile, et ce même pour un Coréen, de savoir s’il s’agit d’un homme ou d’une femme !

En résumé, si en France plusieurs personnes portent les mêmes prénoms avec des noms de famille différents, en Corée, chaque personne a un post-nom qui a un sens particulier mais partage son nom de famille avec de nombreuses autres personnes.

En Corée, comme ailleurs, les coutumes changent et les jeunes parents ne nomment plus systématiquement leur enfant selon les traditions (choix de post-nom en une ou trois syllabes, omission de la syllabe pour le rang dans le clan, sonorité étrangère…). Cependant s’intéresser aux noms, c’est s’intéresser aux racines d’une nation. En cela, les KIM de Corée, les SON d’Islande et les PAYET / HOARAU de la Réunion nous délivrent tous le même message : métissage lé plus sage !

NB 1 : Je m’arrête sur une notion avec laquelle j’ai beaucoup de mal et donc l’interprétation n’engage que moi  : la romanisation (ou transcription ou translittération d’une écriture non latine vers une écriture latine) du Hangeul et en particulier des noms. Elle me laisse très perplexe !

En 1937, les Américains, en l’occurrence McCUNE et REISCHAUER, qui partaient certainement d’un bon sentiment, ont décidé que chaque lettre se disait comme ça et pas autrement. Cette romanisation du coréen était considérée comme officielle en 1984. A mon sens, ils ont abusé et pas qu’un peu ! C’est d’ailleurs pourquoi on vous conseille fortement de ne pas passer par la romanisation pour apprendre le coréen ! Et ça se comprend ! Lisez plutôt !

KIM s’écrit 김 et donc se prononce plutôt GIM (Ils ont pas le son GUE en Yankee ???). (Eh oui ! Bonne remarque ! On devrait dit GIMCHI et non KIMCHI !!!). En fait, il s’agit ici de l’éternel débat du KIM ou GIM ? ; du PAK ou BAK ?… De toute façon il sera toujours source de désaccord, puisqu’il s’agit en fait de sons (gutturaux et autres) que nous n’avons pas dans nos langues romaines !).

D’ailleurs, il parait que la romanisation de 2000, réalisée cette fois par le Gouvernement Coréen, va remplacer peu à peu celle de 1984.

LEE s’écrit 이 et donc i  ; pour PARK c’est 박 donc BAK … Vous imaginez ? Comment ça doit être fatiguant d’entendre ça tous les jours : « Bonjour M PARK ». « Bonjour, mais en fait c’est BAK mon nom ! ». « Ah bon ! Mais pourquoi ça s’écrit PARK alors… ». « Bon ! Laissez tomber ! Appelez-moi comme vous voulez !!! ». En encore ! Quand en plus on ne leur dire pas : “Bon, moi je vous appelle KIM parce que votre nom en entier, c’est trop compliqué !”. J’imagine bien le Coréen répondre fort poliment : “Pas de problème M Philippe DURAND de la VILLEGEGU du FRESNAY et MME Guillemette BRZONKALIK. Je comprends !”.

En outre, de plus en plus de Coréens (internationalisation oblige) sont amenés à romaniser leurs noms. Il s’agit là d’une démarche tout à fait personnelle quant au choix final des lettres utilisées pour la romanisation de leur nom.

NB 2 : Une épousée garde son nom de famille. Mais dès qu’elle a un enfant, pour tout le monde, elle devient adjoumoni. Donc à l’école on lui dira : « Mère de l’enfant KIM SUN YUN, pouvez-vous venir à la réunion de demain soir à 21 h 30 ? ».

Mad in Palou P VI / 2022

Toutes ou presque, mes sources sont citées dans la chronique « SACERDOCE ». Merci à MAYA.

Pour aller plus loin : Le jokbo ou l’arbre généalogique coréen.

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